Experts comptables: L'état des lieux d'un secteur à la dérive
Le président de l’Ordre des experts comptables de Tunisie, Walid Ben Salah, a déclaré, ce mardi 1er novembre 2022, lors de son passage dans Midi Show, que cet organe n’a aucune idée sur les détails du projet de la loi de Finances pour l’exercice 2023.
Les estimations du taux de croissance et ceux du prix du baril de pétrole n’ont pas été publiées. En plus, aucun détail n’a été dévoilé concernant la clôture du budget de 2022. La publication de ces chiffres par le ministère des Finances a été interrompue, depuis le mois de juin dernier", a-t-il révélé.
Ben Salah a, par ailleurs, révélé que les estimations du déficit du budget de 2022 tournent autour de 9% du PIB. Il s’agit d’un chiffre colossal, selon lui.
Le président de l’Ordre des experts comptables a aussi noté que l’accord avec le Fonds monétaire international, comme indiqué par le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, le week-end dernier, contient un point positif, qui est lié aux grandes réformes pour la création d’une croissance, tout en réduisant les taux d’endettement.
Il a ainsi noté que le gouverneur de la BCT a appelé le gouvernement à accélérer la réalisation des réformes, alors qu’une telle opération nécessite une communication détaillée. La publication des réformes à prévoir n’a pas été faite, a précisé Ben Salah.
L'invité de Midi Show a considéré que la vraie réforme se base sur une méthodologie bien déterminée. Elle doit être caractérisée par une vision stratégique, claire et réalisable de façon participative. "Par la suite, on passe à la définition des objectifs et des priorités, en plus d'un audit détaillé, avant de passer l à l’application. Mais tout ceci nécessite une politique de communication efficace", a-t-il préconisé.
Pour Ben Salah, le projet de loi de Finances doit contenir des mesures susceptibles de réduire la charge fiscale, tout en instaurant une égalité dans la distribution des charges entre tous les actionnaires économiques. Il doit inciter les secteurs productifs et ceux qui souffrent de difficultés financières à préserver les postes d’emploi et renforcer, en même temps, la surveillance.
L’invité de Midi Show a parlé, à cette occasion, des résultats de la Journée de l’expert comptable, tenue le week-end dernier. Il a noté qu’elle s’est basée sur la crise économique, sans précédent, vécue par la Tunisie et sur son impact sur la gestion des établissements. "La journée s’est focalisée aussi sur le rôle de l’expert comptable pour dévoiler les réalités et présenter des solutions à même de mettre un terme à la crise", a-t-il déclaré.
Migration des experts comptables
Walid Ben Salah a aussi dévoilé que l’expert comptable en Tunisie préfère migrer vers la France, le Canada et les pays du Golfe. "Cette fuite qui a causé de grands problèmes, car il y a un désormais manque d’experts comptables en Tunisie, s’explique par l’environnement de crise dans ce secteur et par le désir des experts comptables de développer leurs connaissances", a-t-il noté.
Le manque d’experts comptables s’explique aussi par le fait que cette section est compliquée, rendant le taux de réussite au niveau académique faible. "En effet, 68 étudiants ont obtenu, cette année, leurs diplômes de fin d'études alors que le marché du travail a besoin de 300 experts par an. Le nombre de ceux qui ont quitté le pays avoisine les 120", a-t-il noté.